DAUPHINÉ LIBÉRÉ, Livres, Thierry Hubert, 18 avril 2005 |
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FICTION
Un
homme arrive dans une ville.
C’est souvent ainsi que
commencent les westerns, beaucoup de romans policiers, et
peut-être tout
simplement la plupart des histoires des gens. Chez Olivier Sillig, il
n’y a a
priori rien de mystérieux ni d’inquiétant dans cette
arrivée. Cet homme est un
banal employé qui doit livrer une pièce de radiateur
à un client. C’est par le
car qu’il débarque dans une bourgade tristement banale. Il prend
ses quartiers
entre l’hôtel et la brasserie. Bien sûr, les choses vont se
gâter. Pour une
obscure raison, celle des cauchemars, il ne parvient jamais à
livrer son colis.
Fatalité, et aussi les barrières jaunes, qui surgissent
un peu partout au
détour des rues. Cette cité est un cocon tiède et
finalement accueillant, il se
fait même un ami, un accordéoniste, bien trop jeune et en
même temps très
vieux. Un drôle de type qui l’attire et qui peu à peu
l’entraîne dans son
monde. Cela ressemble bien à de l’amour.
A mi chemin entre Kafka et Buzzati Olivier SilIig déroule
les méandres d’un fantastique teinté d’absurde. Ses
personnages ne sont jamais
inquiétants, mais comme fêlés, en discordance avec
eux, usés, sans être
résignés, par l’érosion répétitive
de ta vie. Ce roman pourrait être à la fois
une fable sur l’enfermement, la perte des illusions ou bien encore sur
l’irruption du désir et de la révélation, la
violence des sentiments. Un beau
roman à lire peut-être dans la salle d’attente d’une gare
routière, dans
l’ombre jaune d’un éclairage artificiel là où la
vie se ramasse sur elle-même.
(T. H.) (H&O, 192 p 16€)
Olivier Sillig / olivier.sillig@perso.ch / (21) 320 33 22